Assemblée abusée, piétinée : Un peu de tenue, Messieurs les Députés (Par Khady Ndoye)

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«Assemblée nationale». L’expression en elle-même a une forte charge historique,  politique, symbolique. En plein cœur de la capitale, l’Assemblée nationale s’impose de par sa grandeur. Elle a survécu à plusieurs générations d’hommes et de femmes qui, dans leur posture, leur allure… ont fièrement représenté le peuple sénégalais.

Vous avez dit Assemblée nationale ? L’idée de nation est faite pour rassembler et non pour diviser. Elle s’exprime par sa représentation du peuple. Nul individu, nul parti ne peut s’en emparer : c’est pour le peuple, une Assemblée des représentants du peuple sénégalais.

Dans l’histoire politique, certes mouvementée, l’institution a vu des régimes passer, des générations se succéder, mais l’usage de vils propos, de bas comportements n’a jamais été l’apanage des représentants de la République. Ils rivalisaient et brillaient plutôt de débats d’idées averties, de raison, de jugeote, d’éloquence…

Des expressions élégantes et courtoises, dans un cadre de liberté, d’égalité et de fraternité, véritables points cardinaux de la démocratie ont été tenues par des générations de parlementaires.

De séance en séance, de génération en génération, le débat d’idées a cédé la place à des charabias qui frisent l’indécence.

Avec des budgets discutés, adoptés, votés, l’histoire de l’Assemblée se confond à celle de la nation, car elle a été témoin de plusieurs pages où des lois furent votées, des gouvernements écoutés, les coûts des budgets décidés et votés.

L’hémicycle est le symbole de la vie républicaine

Comment ne pas faire des reproches à ceux qui ont piétiné l’institution ? Le lundi 12 septembre, dans cette salle ronde, de nouveaux Démosthène, Wangrin et Cicéron ont pris de court le peuple, qui a longtemps voulu une rupture. Désignons-les sous le vocable peu élégant de «dépités».
Les belles phrases, les belles pages d’histoire, le charisme ont cédé la place à des ignorants superficiels, fantasques, fanfarons, incompétents. Le peuple s’attendait à une renaissance de la République, mais a été imposé à des moments confus, peu enviables. Car l’éloquence, le respect, la courtoisie et la magie des mots n’ont pas été au rendez-vous lors de l’installation de cette 14e législature.

De « faux députés » qui se tiennent debout sur des tables qui, au lieu de s’asseoir correctement, se déchaussent pour poser leurs pieds sur ce qui devrait servir d’accoudoir, des députés qui jettent leur bulletin de vote par terre, arrachent et confisquent le micro, s’agrippent à l’urne.  Le jeu a été enfantin et misérable.

N’en déplaise à la République, la notion actuelle de l’Assemblée a été, en une journée, étriquée, émaillée, violée, abusée, salie. Qu’en sera-t-elle les années à venir ?

Le peuple a quand même bon espoir que la donne pourrait changer et que les « dépités  » corrigeront leur comportement peu enviable s’ils veulent demain mériter la confiance du peuple.

En effet, mieux vaut convaincre par des arguments plutôt que de servir de violences, d’engueulades, d’empoignades pour cacher ses tares, sa médiocrité et son amateurisme.
Bâtissez une Assemblée digne, intègre pour les générations futures. On s’attend à ce qu’un grand soleil illumine l’esprit de ses Ô-norables qui, présents que par la volonté du peuple, illumine la nation de par des actes louables et bénéfiques pour son peuple.

Si l’Assemblée nationale oublie le peuple, le pire est à craindre.

Chaque député peut, par la puissance de ses mots, convaincre ses collègues et même renverser un gouvernement dont l’action lui déplait. Mais cela ne se fera pas par l’anarchie, l’impolitesse, la médiocrité, l’indécence. Les représentants du peuple sont  l’incarnation de la République. Ils méritent éloges et respect : puissions-nous revenir à cette appréciation.

« Nous nous levons pour vous dire : nous ne vous laisserons pas dilapider le pouvoir, rabaisser la tribune, dégrader le gouvernement représentatif », disait Lamartine.

Aujourd’hui, le peuple sénégalais vous dit : nous ne voulons pas d’une Assemblée où l’on s’insulte, on s’empoigne avec un comportement indigne d’un parlementaire. Car cette Assemblée nationale d’une noblesse peu désirable à laquelle vous voulez nous habituer n’honore pas le peuple.

Le peuple veut une Assemblée où la démocratie s’accomplit. Où la liberté, l’égalité, la fraternité mettent en valeur le Législatif et non une Assemblée qui étrille nos institutions.

Ce n’est qu’ainsi que les Sénégalais retrouveront confiance en leur  Assemblée nationale.

Il faut faire de l’Assemblée un lieu essentiel du débat public. Être présent pour le peuple. C’est ce défi que vous devez relever, « piètres députés ».

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