La fin de l’État hors la loi (Par Mary Teuw Niane)

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Les recours déposés devant le Conseil constitutionnel (Cc) par les députés suspendent l’exécution de la loi votée lundi dernier par l’Assemblée nationale jusqu’à ce que ce dernier se prononce.

Cette situation a pour conséquence immédiate qu’il n’y a pas encore de report des élections car le décret fixant la date des élections au 25 février 2024 est encore en vigueur.

Par conséquent conformément au code électoral, le Sénégal est toujours en période de campagne électorale.

Les manifestations, les meetings, les caravanes, les réunions de toute sorte, les distributions de prospectus des candidats à l’élection présidentielle doivent se faire librement partout sur le territoire national.

Le rôle des forces de défense et de sécurité (FDS) doit uniquement se limiter à la facilitation de l’exercice de ces droits, à lever toute entrave à cet exercice et à assurer la paix et la sécurité.

Contrairement à cette noble mission, les FDS sont mobilisées, partout où c’est possible, par les pouvoirs publics, pour s’opposer par tous les moyens au libre exercice du droit des citoyens en cette période de campagne électorale.

Trois morts déjà !

Des jeunes tués par balle. Des scènes d’horreur devenues fréquentes dans le Sénégal du Président Macky Sall.

Des assassins invisibles et insaisissables !

La fin de la semaine écoulée fut dramatique.

Il y eut des comportements inadmissibles et inhumains qui constituent des négations totales de nos valeurs : des actes brutaux sur des personnes en situation de handicap et des coups de fusils derrière le dos de femmes qui marchent pacifiquement.

Quelle honte et quel avilissement de l’homo-senegalensis?

La restitution de la licence de la télévision Walfadjri face au tollé et à la réprobation unanimes suscités par son retrait ne peut effacer les tentatives délibérées et autoritaires de bâillonnement de la presse, les emprisonnements répétitifs de journalistes et, ces jours-ci, les obstructions, brimades et les brutalités exercées sur des journalistes, notamment des femmes-journalistes, pour s’opposer à leur travail de couverture des manifestations.

Ce pouvoir a horreur de l’information !

Il bâillonne les journalistes comme il s’oppose, par tous les moyens, à la RTS, en utilisant les FDS, au déroulement normal des émissions de campagne électorale dans lesquelles les candidats à l’élection présidentielle doivent délivrer leurs messages au peuple.

Jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel, jusqu’à la fin de la période dédiée, le pays est en campagne électoral, n’en déplaise au putschiste constitutionnel de l’Avenue Léopold Sédar Senghor.

Le coup d’État est hors la loi.

L’auteur et ses complices seront tôt ou tard traduits devant la Haute Cour de Justice.

Le dictateur sent-il qu’il est allé trop loin?

La terre commence-t-elle à se dérober sous ses pieds?

Les manifestations de la fin de la semaine dernière ont-elles déjà installé la peur de lendemains qui ne chantent pas?

La mobilisation en cours de tous les secteurs de la Nation en vue des journées villes mortes de cette semaine a-t-elle déjà commencé à semer les germes de la terreur chez les putschistes ?

Le concert quasi unanime de la communauté internationale est-il si assourdissant et si effrayant que tout refuge hors du Sénégal, après le putsch, commence à être hypothétique ?

Après avoir menacé les Sénégalais d’un coup d’État en préparation plus terrible que le sien, qu’il n’arrive, d’ailleurs, toujours pas à faire aboutir, le Président-putschiste donne des signaux ou des leurres de marche en arrière: restitution de la licence de WALF, fuite dans la presse d’une loi d’amnistie en préparation, etc.

C’est de bonne guerre !

Car le Coup d’État a déjà échoué !

Il reste juste aux sages du Conseil constitutionnel et au juges de la Cour suprême de consacrer son bannissement définitif et son rangement en bonne place dans la poubelle de l’histoire.

Ces honorables magistrats ne peuvent avoir une attitude et un comportement en deçà des valeurs humaines sénégalaises qui les ont forgés !

D’ici là, ne donnons aucun répit au dictateur de Mermoz !

Car il doit restituer au peuple sénégalais tous ses droits confisqués, présenter ses excuses publiques, organiser les élections le 24 février 2024 et transmettre le pouvoir le 2 avril 2024 au Président élu.

Et, le 3 avril 2024, il sera, urbi et orbi, un citoyen ordinaire !

Les chefs des FDS doivent se rappeler leur devoir de refuser d’exécuter des ordres illégaux car ils seront aussi comptables des violations de la loi, en particulier de la Constitution.

Notre pays ne s’accommodera jamais d’un État hors la loi, d’un Président-putschiste, de Tontons Macoutes et d’autres gadgets humains sanguinaires de certaines Républiques bananières d’Afrique, d’Asie et d’Amérique.

La fin de l’État hors la loi approche à grands pas.

Tous ceux qui ont cautionné, de près ou de loin, dans notre pays, cette tentative de coup d’État, doivent faire leur mea-culpa et rejoindre, dare-dare, alors qu’il est encore temps, les combattants de la liberté, de l’État de droit et de la démocratie.

Il est encore temps que les complices internationaux de ce coup d’État se ressaisissent.

En effet, le temps du Sénégal éternel est décidément plus long que l’éphémère moment de l’assujettissement de sa souveraineté, de ses ressources et d’un pouvoir autoritaire et totalitaire.

Le peuple vaincra.

Venceremos !

Je vous souhaite une excellente semaine sous la protection divine, la semaine de la fin du Coup d’État !

Dakar, lundi 12 février 2024
Prof Mary Teuw Niane

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